L.R.D.

Après les opérations
de prélèvements et de préparation de la surface des échantillons, ces
derniers sont soumis à la mesure. La largeur des cernes de croissance de
chaque échantillon est enregistrée en déplaçant, sous une loupe binoculaire,
un chariot mobile relié à l’ordinateur.

La mensuration des
cernes. L’échantillon dûment orienté est fixé sur un chariot qui défile sous
une loupe binoculaire et une caméra vidéo. L’observateur commande les
déplacements et l’enregistrement automatiques des valeurs. (Photo F. Busson)

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La dendrochronologie
est constituée d’une suite d’opérations qui ont toutes une importance
fondamentale pour aboutir à de bons résultats.

Après l’analyse d’un
bâtiment par exemple ou du contexte archéologique dans lequel s’intègre un
bois, nous avons précisé que le dendrochronologue accorde beaucoup
d’importance au choix des échantillons qui, en fonction de la problématique
posée, vise à constituer une séquence idéale.

La rigueur avec
laquelle sont prélevés les échantillons doit naturellement être accompagnée
par la minutie avec laquelle sont préparés les échantillons soumis à la
mesure. Tout comme le choix de l’emplacement du prélèvement sur une poutre ou
celui du chemin de mesure sur une rondelle, l’acte de mesure n’est pas
neutre, banal ou sans conséquence sur la suite de l’analyse. Cet acte
conditionne encore une fois le résultat final attendu.

Une bonne expérience
et une bonne disposition à cet exercice influence très sensiblement les
résultats. En effet, la part d’interprétation dans la lecture de la limite de
chaque cerne ou dans l’appréciation de la croissance du bois dans son
ensemble est importante.

D’une personne à
l’autre la différence obtenue sur la mesure d’un même échantillon suffit
parfois à rendre possible ou non sa datation. Cette activité est donc
pratiquée avec plus ou moins de réussite selon les individus.

Il y a des cas
d’extrême difficulté de lecture due à la densité de succession des cernes qui
rend incertaine la limite de chacun d’entre eux. Il y a aussi, par exemple
sur le chêne, les difficultés d’interprétation à passer d’un rayon médullaire
à l’autre si le prélèvement ou la préparation est négligé.

Il y a aussi plus subtilement la nécessité d’obtenir un « rythme de
mesure » de qualité. Qu’entendons-nous par là? Pour les professionnels de la
mesure qui travaillent directement sur une binoculaire et non sur un écran
couplé à une vidéo, l’avancement du chariot est quasi continu, il est
ponctué, à la limite de chaque cerne, par un bip sonore qui garantit que
l’enregistrement électronique a bien été expédié par l’opérateur et bien
réceptionné par l’ordinateur.

Ce bip sonore
résulte de l’ordre d’enregistrement que l’opérateur donne lorsqu’il repère la
limite de chaque cerne.

Cette opération
réalisée avec un bon rythme garantit la validité de la valeur relative de la
largeur d’un cerne par rapport au suivant (celle qui est exploitée par le
dendrochronologue). Il ne suffit pas que la mesure soit gérée en valeur
absolue car en pratique celle-ci varie en fonction des points de visée qui
auront été choisis. En effet, la mire ne tombe pas toujours exactement dans
l’axe du cerne et le déplacement répété de l’échantillon pose souvent autant
de problèmes qu’il n’en résout.

Le dendrochronologue
doit donc faire en sorte de bien positionner son échantillon en fonction de
la mesure d’une longue série de cernes, en minimisant les changements
d’orientation de l’échantillon et en faisant ressortir le caractère effectif
de la croissance du bois plutôt que de se limiter à l’enregistrement d’une
variable non appréciée. Cette lecture « intelligente » implique effectivement
un rythme de mesure continu, dégagée d’un maximum de contraintes techniques,
matérielles ou même de distraction scientifique qui n’ont pas un lien direct
avec l’appréciation de la largeur du cerne.

De cette
disponibilité et compétence à la mesure, il résulte un « rythme de mesure »
que le bip sonore de l’ordinateur traduit sans équivoque.

Toutes ces
précisions nous servent à comprendre pourquoi le dendrochronologue préfère
avoir le bois in situ, prélever et mesurer lui-même les échantillons et
synchroniser les séquences.

Dans chacun de ces
gestes, il y a une part d’appréciation et d’interprétation dont il désire
avoir a parfaite maîtrise pour en connaître les limites objectives.

 

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